Le SNPL réagit au rapport du BEA du 23 août 2022

Dans un communiqué, le syndicat de pilotes majoritaire à Air France a tenu à clarifier certains points, suite une polémique liée au rapport du BEA évoquant la culture de la compagnie en matière de sécurité.
Air France crash


Rappel des faits

Le rapport d’enquête du BEA publié le 23 août 2022 fait suite à un incident survenu le 31 décembre 2020 à bord d’un A330-200. Le vol Brazzaville-Maya Maya à destination de Paris a été contraint de se poser en urgence à l’aéroport de Ndjamena au Tchad.

Le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses détaille dans son rapport: « L’équipage débute la procédure FUEL LEAK puis l’interrompt à la ligne qui prévoit la coupure du moteur du côté de la fuite suspectée (ici côté gauche), en choisissant de maintenir ce dernier en fonctionnement. L’équipage se déroute sur l’aéroport de N’Djamena (Tchad) où il effectue une approche RNAV en piste 23 et y atterrit 1 h 47 après l’identification de la fuite. L’alarme ROPS, avertissant d’un risque de sortie de piste, s’active au moment du toucher des roues. Le PF freine fortement et la température des freins augmente jusqu’à 600 °C.
 

Les deux moteurs sont maintenus en fonctionnement. L’équipage réalise un demi-tour sur la raquette en bout de piste, puis coupe le moteur 1 (moteur gauche) alors qu’il roule vers le parking. L’équipage immobilise l’avion sur les aires de parking et coupe le moteur 2 . Les pompiers qui s’étaient positionnés à proximité de l’avion depuis l’atterrissage interviennent après la coupure du moteur 2 en dispersant de l’eau sous le moteur 1. Les passagers sont débarqués sans autre incident. »


Les recommandations du BEA

Le BEA a émis plusieurs recommandations notamment concernant le problème technique, cause principale de l’incident. Une autre recommandation de sécurité concernant le respect des procédures par Air France a fait réagir, soulignant « une certaine culture installée chez certains équipages d’Air France qui favorise une propension à sous-estimer l’apport d’une application stricte des procédures pour la sécurité ». 

Le BEA ajoute que la décision de ne pas couper le moteur 1 a créé un risque important d’incendie et entraîné une diminution importante de la marge de sécurité du vol, « d’autant que le compartiment du moteur dans lequel a eu lieu la fuite est une zone chaude, où les surfaces du moteur dépassent souvent la température d’auto-inflammation du carburant », précise le rapport.



La réaction du SNPL

Le syndicat majoritaire chez les pilotes Air France a publié un communiqué. Son titre est clair « la sécurité des vols : la priorité absolue des pilotes d’Air France ».  Le SNPL a ainsi expliqué dans son communiqué son point de vue:

* La sécurité des vols et le respect des procédures sont au cœur de l’exercice du métier des pilotes de ligne d’Air France. Cette priorité ne souffre d’aucune exception et est appliquée quotidiennement par les pilotes. Nous la devons à nos passagers ainsi qu’à nos propres familles.

* Au sein de la compagnie Air France, la remontée spontanée par les pilotes d’événements impliquant la sécurité des vols est une des meilleures au monde. C’est un moteur essentiel de l’amélioration permanente de notre sécurité et de celles de nos passagers. Ces remontées ne doivent en aucun cas être freinées par une médiatisation partielle et partiale d’évènements.

* Savoir se remettre en cause et progresser encore et toujours font partie des qualités intrinsèques des pilotes de ligne et de la culture d’Air France.

* Cette capacité de remise en cause concerne également le constructeur puisque celui-ci modifie régulièrement sa documentation afin d’améliorer les informations, donc la conscience du risque, apportées aux pilotes.

* Nombre des recommandations émises par le BEA sont déjà mises en œuvre depuis plusieurs mois au sein d’Air France, comme, notamment, la possibilité pour chaque pilote d’accéder à l’analyse de ses propres vols afin d’améliorer en permanence ses propres performances, suite au nouveau protocole de sécurité des vols construit avec le SNPL


Guillaume Gestas, président du SNPL Air France Transavia, déclare : « Le professionnalisme et le respect des procédures sont au cœur de l’exercice du métier des pilotes de ligne d’Air France, la remontée spontanée d’événements permet d’améliorer en permanence notre sécurité et est une des meilleures au monde. Que la forte médiatisation, souvent partielle, dont fait régulièrement l’objet notre compagnie sur tous les sujets, ne vienne pas freiner cet outil essentiel ».


Les recommandations de sécurité, un facteur important pour la sécurité des vols

Ce n’est pas la première fois que le BEA recommande des changements importants chez Air France. En 2018, une voiture de vente s’était libéré au décollage lors d’un vol reliant l’île Maurice à Paris. Le "cart" avait heurté 8 passagers et blessé 1 personne. 

Le BEA avait précisé dans son rapport: "Cet événement a permis à la direction de la sécurité des vols de l’exploitant de mettre en évidence que la culture PNC demeure très centrée sur la réalisation des prestations commerciales et sur l’envie de satisfaire les passagers, au détriment de certaines actions de sécurité." Depuis, les PNC d’Air France sont davantage sensibilisés aux gestes de sécurité via la documentation sur tablettes. Une vérification croisée a été mise en place entre régulateur et cadre PNC.

En parallèle, le BEA poursuit d’autres enquêtes dont celle sur l’incident du 5 avril 2022, lorsque les pilotes d’un Boeing 777 d’Air France provenant de New York ont connu des difficultés à l’atterrissage à Roissy CDG. L’avion avait ensuite atterri sans autre incident.

 

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