L’avionneur chinois COMAC poursuit son développement

Alors que le monde continue de traverser la crise du coronavirus début 2020, l’avionneur COMAC continue son développement et ses tests pour la certification de son C919. Une commande portant sur 100 avions a été enregistrée le 10 juin 2020. L’ambition de l’avionneur chinois semble intact et il devrait même accélérer son développement. 

Un Comac C919 à l’atterrissage. Crédits:Comac


Le 10 juin 2020, COMAC et China Express Airlines ont signé une commande de 100 avions, dont des ARJ21 et C919. Les premiers appareils devraient être livrés avant la fin 2020, très probablement des ARJ21. En outre, l’accord comprend un partenariat sur la conception, l’opération et la maintenance des avions.

En parallèle, le premier ARJ21 de China Southern a effectué son premier vol le 9 juin 2020 depuis l’aéroport de Shanghai Pudong. Fin mai 2020, le concepteur en chef du C919 et également député du Parti Communiste Chinois, Wu Guanghui, a rappelé que Comac avait reçu 815 commandes de 28 clients.

Arj21 comac china southern
Le premier ARJ21 de la compagnie aérienne China Southern. Crédits:Jetphotos

Les 6 avions prototypes ont tous été assemblés et les tests continuent à Shanghai, Xi'an, Dongying et Nanchang précise le Centre d'informations Internet de Chine. En mars 2020, une seconde ligne d’assemblage a été ouverte à Shanghai. Le développement de Comac est stratégique pour la Chine et l’aéronautique est un des points-clés du programme industriel « Made in China 2025 ».

Des difficultés en série 

La crise du coronavirus risque de ralentir l’expansion de COMAC. Les retards s’accumulent. Le C919 qui devait s’envoler en 2014 a finalement effectué son premier vol 3 ans plus tard en mai 2017. Les problèmes techniques sont à l’origine des retards.

Les ingénieurs ont par exemple découvert que les nacelles et les réacteurs soumis à des forces plus importantes que prévues, nécessitaient un renforcement. Ainsi, seulement un 20% des heures de vol nécessaires à la certification par les autorités chinoises ont été réalisées à ce jour.

Des fissures dans les stabilisateurs horizontaux de l’empennage ont également été découvertes. En 2018, Comac a découvert que le système de transmission de l’appareil (gearbox) pouvait se fissurer, sous l’effet de violentes vibrations en vol.

L’ARJ21, l’avion de lancement

Le premier appareil du constructeur COMAC est un avion régional, l’ARJ21. Capable de transporter 90 personnes, l’avion est essentiellement destiné au marché chinois. Les compagnies aériennes Chengdu Airlines, Tianjiao Airlines et Jiangxi Airlines exploitent déjà l’appareil sur des lignes intérieures.

Selon les prévisions d’Airbus, les compagnies aériennes chinoises devraient être les plus gros acheteurs d’avions d’ici à 2035, avec 6 000 nouveaux appareils.

La Chine, le futur plus grand marché aérien du monde

De grandes ambitions 

Le C919 est un avion moyen-courrier d’une capacité de 168 passagers sur 5500km de rayon d’action. Il a effectué son premier vol le 5 mai 2017. D’un point de vue technique, le C919 est équipé de CFM Leap-1 et comprend de nombreuses pièces étrangères. Par exemple, Honeywell fournit l’APU, l’avionique du cockpit, la navigation et la radio et les trains d’atterrissage.

Le transport aérien en Afrique devrait connaître un rapide développement durant les prochaines années. De nombreuses compagnies aériennes africaines ont montré leur intérêt pour les avions de Comac, dont Air Congo,  Africa World Airlines et Ethiopian. La compagnie nationale éthiopienne profite de la croissance économique de son pays, de plus de 7% en 2019.

Les bureaux de Comac à Shanghai, Chine. (Crédits:Weibo)

Comac fait partie du « Couloir d’innovation scientifique et technologique G60 ». Il s’agit d’un projet de vaste zone industrielle, qui doit s’étendre dans les provinces chinoises du Jiangsu, du Zhejiang, de l’Anhui et dans la ville de Shanghai. Au total, neuf villes dans ces provinces sont concernées, avec entre autres Songjiang, Jiaxing et Hangzhou. Comac a ainsi pour ambition de concurrencer Boeing à Seattle et Airbus à Toulouse, où le constructeur aéronautique européen est intégré à l’Aerospace Valley.

Une menace pour Airbus et Boeing?

À court terme, les deux constructeurs aéronautiques historiques semblent largement dominer COMAC. Les difficultés techniques continuent de ralentir l’avionneur chinois. L’entreprise chinoise fera face à un défi de taille: elle devra garantir la sécurité de ses avions via un processus strict de certification (FAA et EASA) et gagner la confiance des compagnies aériennes et du grand public.

L’intégration dans la flotte d’avions COMAC pose la question de la formation des équipages, des pièces de rechange, des équipements,...

À long terme, Comac pourrait peut-être s’affirmer en concurrent capable de casser le duopole Airbus-Boeing. Le développement du transport aérien en Chine et Afrique seront des vecteurs de croissance. Ainsi, le CR929, futur long-courrier conçu avec le consortium russe UAC, est entré en phase de conception, et devrait à terme concurrencer le 787 de Boeing et l’A350 d’Airbus.

Comac est donc toujours loin de menacer les parts de marché d’Airbus et Boeing. Les nombreux problèmes techniques continuent de ralentir le programme. Cependant, les ambitions de l’avionneur chinois doivent rappeler aux constructeurs aéronautiques historiques que le transport aérien dans 10 ou 15 ans sera bien différent.

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