10 Fake News autour de l’impact environnemental de l’avion
Alors que l’avion est largement décrié, de nombreux débats animent la société et les médias. Une « honte de l’avion » et une lutte contre l’avion semblent être lancées. L’interdiction de certains vols intérieurs au profit du train est même soutenue par plusieurs partis politiques français. Ainsi, de nombreuses informations circulent et les discours politiques sont tenus.
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| Le biofuel se développe, ici aux États-Unis avec United Airlines (©United) |
Voici donc une liste d’éléments factuels, toujours appuyés sur des études organisées par des institutions officielles indépendantes et considérées comme fiables. L’objectif de l’article n’est pas de promouvoir l’avion mais de considérer la situation réelle, loin d’être simple, avec des chiffres officiels.
1. « C’est le transport aérien qui pollue le plus. » Ouest-France
FAUX. Selon l’Union Européenne, l’aviation représente 13% des émissions de gaz à effet de serre des transports en Europe contre plus de 70% pour le transport routier. À l’échelle planète, le transport aérien est responsable de 2% des gaz à effet de serre environ.2. « La taxation du kérosène n’entraînera pas de délocalisations. » le think tank the Shift Project
Des délocalisations ne sont pas nécessaires pour des suppressions d’emplois. Ces derniers sont locaux (exemple: dans les aéroports régionaux) et peuvent disparaître sur le territoire français uniquement. La diminution des vols ne peut pas créer davantage d’emplois. Selon la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande, 3000 à 4000 emplois seraient menacés.3. « D’autres moyens de transport sont toujours envisageables . »
FAUX. Personne n’imagine se rendre en outre-mer sans l’avion. Les trajets outre-mer à outre-mer sont aussi rendus possibles grâce à l’avion. Au total, près d’un vol domestique sur trois en France est à destination ou au départ de la Corse ou de l’outre-mer(21% des vols domestiques avec l’outre-mer soit près d’un quart des vols). Fragiliser ces lignes aurait un impact négatif pour la population et l’économie locale.4. « L’avion est un mode de transport pour les riches. »-The Shift Project
FAUX. Le transport aérien a connu ces dernières années le développement de nouvelles compagnies aériennes low cost, proposant des billets abordables. Selon l’OACI en 2017, les compagnies low-cost ont transporté 30% des passagers au niveau mondial.![]() |
| Un avion Easyjet, compagnie Low-cost britannique (source:France 3) |
5. « Le transport aérien est très subventionné.» l’association Réseau Action Climat
FAUX. Même si le transport aérien profite de certaines subventions, elles apparaissent pourtant infimes par rapport à celles destinées au train. « L’ ensemble des subventions, qu'elles viennent de l'État ou des régions, représente 13,4 milliards d'euros par an, soit environ 200 euros par habitant » explique le journaliste Jean-Paul Chapel sur France 2, avant de détailler : « 7,2 milliards d'euros sont des subventions de fonctionnement pour l'exploitation.»6. « L’aviation représente, en 2016, un peu plus de 6 % de l’empreinte carbone des Français. »-le think-tank The Shift Project.
FAUX. D’après des données du site .statistiques.developpement-durable.gouv.; Carbone 4, l’Agreste et l’INSEE, l’avion est responsable de 480 kg eq CO2 par an et par Français, sur un total d’environ 12000 kg eq CO2/an. L’avion représente donc 4% des émissions de CO2 par Français, alors que la voiture seule constitue 16% des émissions, soit 4x plus.![]() |
| L’empreinte carbone des Français |
7. « D’autres pays taxent le kérosène et cela a un impact bénéfique pour l’environnement. »
FAUX. En Norvège, la taxe sur le kérosène semble être de dimension bien inférieure à celle de sa production de pétrole. Le pays se classe 16ème plus grand producteur d’hydrocarbures et second d’Europe derrière la Russie. En outre, 22% soit un voyage d’affaires intérieur sur quatre environ, est lié au secteur pétrolier et gazier (salariés des grands groupes). Outre la taxe sur le carburant, la Norvège réduit les émissions de CO2 du transport aérien par d’autres investissements.Au Japon, la taxe est utilisée pour l’entretien et l’aménagement des aéroports dans les préfectures concernées. De même, aux États-Unis où elles financent les aéroports et le contrôle aérien (ce qui correspond aux redevances françaises).
8. « Le transport aérien ne fait aucun effort. »
FAUX. De nouvelles initiatives sont apparues. Depuis le 10 juin 2019 par exemple, United Airlines utilise exclusivement du biocarburant au départ de Los Angeles, réduisant de 60% les émissions de gaz à effet de serre. Ce biocarburant est obtenu grâce à un processus impliquant des déchets de la ville. L’éco-pilotage est également en pleine expansion.![]() |
| Le fonctionnement de la production de biofuel. |
Les avions sont encore davantage performants et écologiques. Sur le long-courrier, le Boeing 787 Dreamliner consomme 25% de carburant en moins. Dans le même temps, l’A320neo consomme 20% en moins de kérosène par personne. En octobre 2016, 65 pays se sont engagés à effectuer des efforts pour réduire l’impact environnemental de l’aérien.
9. « La consommation de kérosène va doubler d’ici 2050.»-The Shift Project
FAUX. Selon les chiffres de l’Agence Internationale de l’Energie, la consommation mondiale de kérosène est de 12 millions de barils par jour en 2017 et devrait passer à 15 millions par jour en 2040. À titre de comparaison, le transport aérien consomme 2x moins que le transport routier et le logement réunis). En outre, la consommation des avions est réduite chaque année, avec des avions toujours plus performants.10. « Pour ce secteur, toutefois, aucune option technologique n'est disponible à suffisamment court terme et à l'échelle nécessaire. »- le site Slate
FAUX. Les innovations technologiques ne manquent pas. Des projets d’avions hybrides, électriques ou à hydrogène existent. En outre, différentes innovations pourraient être intégrées très prochainement, dont le green taxi (moteur électrique pour se déplacer sur le tarmac) ou l’eAPU de Safran, génératrice d’électricité propre.En 50 ans, Airbus a réduit de 80% ses émissions de CO2 et de 90% de NOx. Les efforts des constructeurs se concentrent depuis longtemps sur la réduction des NOx, et la solution la plus efficace et la plus prometteuse est basée sur la combustion allégée. Il équipe par exemple le moteur LEAP (sur A320Neo et B737Max). La combustion allégée est cependant également bénéfique pour la réduction des particules fines.
Enfin, l’avion régional se réinvente avec le développement de l’E-fanX par Airbus, Rolls-Royce et Siemens, capable de transporter de 50 à 100 passagers et qui devrait entrer en test en 2021. Celui du groupe britannique Faradair en 2025.
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| Le projet E-FanX (©Airbus) |
Conclusion: L’aviation est un moyen de transport polluant, ayant un impact environnemental négatif. Cependant, ses acteurs s’efforcent de réduire celui-ci depuis plusieurs décennies. Cette prise de conscience a permis de réduire considérablement la consommation des avions et donc les rejets de gaz à effet de serre. Cette avancée est pourtant peu médiatisée et reste sans doute inconnue du grand public.
Traiter d’un sujet que l’on ne maîtrise pas revient parfois à relayer involontairement de fausses informations, éloignées de la réalité. Aucun discours alarmiste ne remplacera une solution concrète. Il serait peut-être plus profitable de ne pas opposer le train à l’avion, la protection de la planète au transport aérien. C’est en combinant les forces de chaque transport que la transition énergétique aura lieu. Il serait alors plus judicieux de soutenir les initiatives positives pour l’environnement.
Lire aussi: Pourquoi un avion consomme moins qu’une voiture? Tweet







