Le PDG de Wow air s’exprime pour la première fois depuis la faillite
Skuli Mogensen, PDG et fondateur de Wow air s’est confié au micro de RUV, chaîne de télévision publique islandaise. Il s’est exprimé pour la première fois sur son ressentiment et a raconté les heures qui ont précédé l’arrêt de toutes les opérations de la compagnie aérienne. Le fondateur de Wow air a par ailleurs fait part de ses regrets et tente de comprendre ce qu’il s’est passé.
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Skuli Mogensen s’est exprimé pour la première fois depuis la faillite de Wow air (crédits:RUV) |
Skuli Mogensen, ancien PDG de Wow Air, s'est entretenu jeudi 28 mars matin avec la chaîne d'État islandais RUV. L’ancien PDG de Wow air raconte ce qui s'est passé dans les coulisses de la compagnie islandaise, qui a cherché désespérément un investisseur jusqu’au dernier moment. Il évoque notamment les créanciers de l’entreprise. Voici la transcription de l’interview, traduite par Ingar Thordar pour CNN:
Q : Pourquoi ce grand revirement ?
C'est une question très difficile, le transport aérien est complexe et nous avons beaucoup de créanciers. C'était un bon progrès lorsque nous avons réussi à obtenir des détenteurs d'obligations qu'ils convertissent leur dette en capitaux propres. Mais il y avait aussi d'autres créanciers et quand tant de gens de tant de pays ont besoin de se réunir et malheureusement nous n'avons pas pu faire en sorte que ça marche.
Q : Étiez-vous trop optimiste ?
Il ne fait aucun doute que certaines personnes diront cela, mais je tiens aussi à dire que je suis très fier du travail qui a été fait et du personnel extraordinaire qui a travaillé si fort.
Nous étions des pionniers dans le domaine des compagnies aériennes low cost[en Islande] et nous avons eu beaucoup de succès. Nous avons fait certaines erreurs, mais nous les avons corrigées. Nous avons tous vu et su que nous étions de nouveau sur la bonne voie, et c'est surtout pour cette raison que j'étais optimiste avec les autres.
Les affaires du transport aérien cet hiver ont été difficiles, et de nombreuses compagnies aériennes ont fait faillite, ce qui n'a pas aidé. Les circonstances extérieures sont difficiles. Je crois toujours que si nous avions eu un peu plus de temps, nous aurions pu sauver la situation.
Q : Les créanciers ont-ils perdu confiance en vous ?
Sans doute que certains l’ont fait, mais d'abord et avant tout, c'était très compliqué et j'aurais aimé que ça se termine différemment.
1 000 personnes perdront leur emploi, et de tout ce qui s'est passé, c'est celui qui aura le plus de conséquences. C'est un groupe incroyable de gens énigmatiques. Des gens qui se sont unis. C'est incroyable comme ils ont gardé la tête haute malgré cette nouvelle dévastatrice. Je tiens à les remercier tous. Ils ont été des héros absolus.
Q : Combien de personnes avaient acheté des billets ?
Je n'ai pas le nombre exact de passagers, mais c'est environ 1 000, probablement un peu plus.
Q : Que peut faire WOW Air pour ces personnes ?
Ce n'est malheureusement plus de notre ressort. Je suis vraiment désolé, car ce sont des gens qui nous ont soutenus et c'est incroyable à quel point nos passagers ont été positifs dès le premier jour et je suis déçu de ne pas respecter nos engagements envers ces gens.
Q : Était-ce irresponsable de continuer si longtemps ?
J'ai cru et j'ai dit en toute conviction, alors que nous parlions à beaucoup de partis, que j'avais l'intention de terminer ceci et que j'avais cette foi jusqu'à 7 heures du matin.
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Skuli Mogensen s’exprime sur la faillite de son entreprise (RUV) |
Les causes d’une faillite
Mogensen a été interrogé sur les causes de la faillite. Il reconnaît ses erreurs et déclare « « Ce que j’aurais dû faire, c’était de commencer cette restructuration plus tôt. » Il regrette notamment que la flotte n’était pas optimisée pour la réduction des coûts.Q : Pourquoi cette faillite?
Nous avons parlé à quelques personnes intéressées jusqu'aux petites heures du matin, ce qui n'a finalement rien donné.
Ces parties étaient intéressées et nous y avons travaillé de bonne foi. Nous avons continué jusqu'à 7 heures du matin, mais malheureusement ça ne s'est pas passé comme prévu.
Nous avons travaillé avec tous nos loueurs d'avions pendant un certain temps, mais au bout du compte, cela n'a pas fonctionné. Comme d'habitude, les gens croyaient que nous obtiendrions l'investissement. Nous avons été très transparents, mais cela ne s'est pas produit.
Q : Pourquoi est-ce arrivé si vite ?
Une chose en entraîne une autre, quand un morceau commence à tomber, tout tombe
rapidement - ce n'est pas une seule chose qui l'a causée. Les créanciers s'impatientaient de nous voir conclure l'investissement.
Q : Vous avez dit que vous n'abandonneriez jamais :
J'ai été forcé d'accepter les faits. Comme je l'ai dit à maintes reprises, ce fut une lutte acharnée. Je suis très reconnaissante du soutien et des engagements venus des employés, des gens de la ville [Reykjavik] et personnes de partout dans le monde qui nous ont dit de ne pas abandonner. Les gens avaient confiance en nous et voulaient que nous continuions.
Je suis très déçu et triste de laisser tomber ces gens parce qu'ils avaient confiance en nous.
Q : Quand avez-vous su que c'était fini ?
Quand les avions ont été cloués au sol, c'était fini.
« L'une des essences fondamentales du modèle à faible coût est de s'assurer que vous maintenez une structure de flotte simple et cohérente parce que cela compliquera très rapidement les opérations et donc les coûts si vous avez plusieurs types de flotte », dit Mogensen.
"La deuxième erreur que nous avons commise, en partie à cause de l'A330, c'est que nous avons commencé à nous comporter comme un transporteur traditionnel en ce sens que nous avons ajouté une cabine haut de gamme ", a-t-il dit. "Et encore une fois, compliquer notre message, compliquer notre prestation de services, compliquer le marketing, et nous retournons à nos racines en tant que transporteur à bas prix.
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Skuli Mogensen devant un avion Wow air (crédits:wow air) |
"J'ai mis tout ce que j'avais dans cette compagnie", dit le PDG de Wow.
Q : Combien de votre propre argent avez-vous investi dans ce projet ?
J'ai mis tout ce que j'avais dans cette compagnie. Je n'ai pas le chiffre exact et je n'y ai pas pensé, mais j'y ai mis tout ce que j'avais.
Il reste des actifs, mais je ne sais pas ce que c'est à l'heure actuelle.
Q : Et maintenant pour vous ?
Je retravaillerais toujours avec ce groupe de personnes.
Q : Travailleraient-ils avec vous ?
Je l'espère vraiment. Je n'ai jamais ressenti un tel soutien de la part de cet incroyable groupe de personnes.
Q : Comment vous sentez-vous ?
Je suis toujours en train d'analyser ça. Toujours en état de choc. Je suis réveillé depuis plusieurs jours maintenant. Ne pensez pas que j'ai pris ça à 100%.
Q : Avez-vous abandonné ?
Je n'ai pas abandonné, mais ce projet est malheureusement terminé et j'aurais aimé qu'il se termine différemment... Mais je suis toujours là, donc je n'ai pas abandonné personnellement.